Article de La Montagne du 28-09-15

Vitalité, jeunesse et solidarité à la première fête de la montagne limousine de Tarnac

Corréziens, Creusois et Haut-viennois ont convergé ce week-end à Tarnac : la fête de la montagne limousine proposait un florilège de solutions pour bien vivre sur ces rudes collines.

Dommage qu’il n’y avait pas plus d’estivants pour voir ça : ils auraient sûrement adoré cette fête au village. Manquaient les autos tamponneuses, la barbe-à-papa et l’orphéon à la fête de la montagne limousine. Mais il y avait des agneaux et des veaux embrochés, des gaillards qui moissonnaient à la faucille, des bals sous les lampions. Là-haut, ils ne sont pas frileux : ils montent des scènes et des parquets dans des prés où la rosée te saisit jusqu’aux coudes. La journée, tout sèche : ce fut un week-end d’arrière-saison magnifique, dans le cirque boisé de Tarnac.

Est-ce qu’il y a un mot en occitan pour définir une manifestation qui tient de la foire-expo, du festival, du marché du terroir et du forum social ? Il y a un mot qu’on aime bien sur le plateau de Millevaches, c’est « autonomie ».

Le champion toutes catégories de l’autonomieQuand les esprits s’échauffent un peu, on y rêve de briser les chaînes qui relient ce territoire aux métropoles et aux baronnies du coin ( lire ci-dessous). Si ça coince au niveau politique, s’agissant de l’autosuffisance, ça avance. Tarnac a ainsi accueilli un champion toutes catégories du genre : Sander Hummelmann vit depuis huit ans sur une colline perdue près de La Courtine. Il a retrouvé le système du bélier hydraulique afin de faire remonter l’eau du ruisseau en contrebas. Savoir-faire qu’il partage volontiers, comme celui de la conception d’un vélo électrique (chargé avec des panneaux solaires), qui est son unique moyen de locomotion sur les routes du Plateau.

Samedi et dimanche, à Tarnac, on pouvait constater que ce territoire pouvait produire de quoi (bien) se nourrir, qu’il savait construire, réparer, recycler qu’il avait même des solutions pour… repousser le désert médical. Là où les gens du Plateau sont les plus forts, c’est tout de même pour enchanter la vie sociale. Un maillage de plus en plus serré de « bar-restaurants » et autres petits commerces plus ou moins conventionnels constitue un marqueur du regain de vitalité du territoire.

Les natifs et les néos s’y croisent : s’ils n’ont pas encore toujours les mêmes désirs, leurs estomacs et leurs gosiers ont les mêmes besoins.

Un panorama
de l’offre montagnarde
Une belle énergie se dégageait de cette première fête de Tarnac, qui offrait en somme un panorama, en formule concentrée, de l’effervescence qui règne dans les différentes communes du Plateau tout au long de l’année.

Dans les années soixante-dix, la montagne limousine organisait déjà des fêtes dans ce goût-là, ou précisément à la mode « Volèm viure al païs ». Le slogan a modérément porté. En quarante ans, beaucoup ont fichu le camp. Samedi et dimanche, toute cette jeunesse dans les rues de Tarnac, c’était impressionnant : comme quoi il ne faut jamais désespérer. Ce qui est frappant, c’est aussi le respect de ces nouveaux habitants du Plateau pour les savoir-faire des anciens et pour l’entraide ancestrale, propre aux économies sobres.

Julien Rapegno

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