Événements Qui sommes nous ?

Qui sommes nous ?

Une manifestation qui vise à rassembler le plus grand nombre possible d’acteurs du territoire autour des grands enjeux du moment.

La Fête de la montagne limousine a été (re)lancée en 2015 par des habitants de Creuse, Corrèze et Haute-Vienne qui avaient envie de retrouver l’esprit de la Fête des Plateaux organisée dans les années 80 et qui permettait de mettre en valeur tout ce qui se fait, se crée, s’invente sur ce territoire. Elle est aussi pensée depuis l’origine comme un moment de rencontre entre différentes populations (enfants, jeunes et vieux, nés ici, arrivés depuis longtemps ou plus récemment…) qui n’ont pas toujours ou pas souvent l’occasion de se croiser.

voir article sur Les Plateaux Limousins

Ouverte à tous les habitants ou sympathisants du territoire, c’est une fête gratuite avec des concerts, un marché de producteurs, des stands de présentation du savoir faire local, des animations, des débats, des films, des buvettes et mille et une occasions de rencontres. C’est le lieu idéal pour que se parlent, débattent, s’amusent et réfléchissent ensemble les habitants et habitantes de la Montagne.

Chaque année le programme est  élaboré par les habitants eux-mêmes et non par un comité de sélection. Il n’est pas  le résultat d’un démarchage des organisateurs (qui sont rarement les mêmes d’une année à l’autre)  auprès de telle ou telle association, de tel ou tel intervenant jugé plus intéressant(e) qu’un autre. Le programme de cette fête se construit sur le principe inverse : toutes celles et ceux qui ont voulu proposer de partager un peu de ce qu’ils font, un peu de ce à quoi ils réfléchissent y ont trouvé leur place.

Proclamer, comme sur le site internet de la fête, « Nous sommes le territoire », cela signifie que ce sont avant tout les habitants, tous les habitants de ce territoire, qui le font vivre, avec leurs idées et leurs capacités à imaginer une vie politique, sociale et culturelle qui leur ressemble.

Aussi, le relatif éclectisme du programme de chaque année est « relatif » car si on regarde de plus près, on voit bien que quelques préoccupations majeures s’y expriment, à partir de points de vue différents. Nous espérons que cette fête sera aussi l’occasion de régler quelques malentendus et de déjouer les clichés sur ce qui se vit au quotidien sur la montagne limousine.

La Fête de la Montagne Limousine est indépendante de toute subvention, et ne peut avoir lieu que grâce à la participation de toutes et tous. Ses ressources reposent uniquement sur les buvettes et les 3 repas vendus au profit de la fête. Les contributions volontaires, les tarifs à « prix libre » ou « négocié», sont des manières de défendre un esprit de partage et une volonté d’être accessible à tous.

Le sens de l’engagement dans cette fête consiste à partager son savoir, sa parole, son activité, sa passion gratuitement. Sans subventions ni mécénat,  les seules ressources pour fournir l’infrastructure viennent de la générosité des participants ainsi que  les buvettes et les repas organisés par l’association. L’association ne peut rémunérer les intervenants. Nous souhaitons que les spectacles, concerts, activités et ventes soient de provenance locale.

Pour que la Montagne marche de son propre pas…

Pour que la Montagne marche de son propre pas…

Voilà maintenant des années que de « sauvegarde des traditions », en « accueil de nouvelles populations », sur « le Plateau » ou sur « la Montagne », selon qui veut bien les nommer, s’est tissé un imaginaire bigarré autour de ce territoire sans limites précises. On parle du « Plateau de Millevaches », de la « Montagne limousine », de certains de ses bourgs, de ses habitants, dans la France entière et même bien au-delà des frontières. Bastion de paysans rouges et d’antimilitaristes, terres de prédilection des Francs Tireurs et Partisans et du Colonel Guingouin, refuge de nombreux juifs et anti-fascistes espagnols en 39-45, des réfractaires à la guerre d’Algérie, écrin de l’ « étoile des Monédières », terre à moutons et à bruyères, paradis du broutard et du Douglas, pays d’accueil d’expériences de coopération sociale, de collectifs de vie, de « porteurs de projets » hors normes mai aussi de coureurs des bois et de chasseurs de truites entre autres « terroristes de proximité ».
Personne ne peut aujourd’hui dénier que ce territoire, par quelque angle qu’on le prenne, a son rythme et ses manières singulières, qu’il n’est le satellite de rien ni de personne, qu’il se fiche des « aires métropolitaines » chères aux aménageurs. Et que tout cela s’est fait en tricotant d’un côté à l’autre des « frontières » administratives départementales… en passant par les pistes…

Aujourd’hui encore, alors même que tout le monde ressasse jusqu’à la nausée l’ « attachement au territoire », les appellations d’origine, les « marques territoriales », on s’évertue à ne donner aucune forme de levier institutionnel à ce pays que l’on veut maintenir périphérique, marginal, dépendant de soit-disant « bassins de vie » qui n’en sont pas. On ne lui laisse aucune chance.
Qu’à cela ne tienne ! Ce qui s’est fait ici déjà s’est fait sans l’aide de personne, à nous aujourd’hui de penser les prochaines étapes. Les « Fêtes du Plateau » au Villard dans les années 1980 avaient un temps été le symbole d’un nouvel élan, elles ont eu et ont encore beaucoup de prolongations : communauté de communes du Plateau de Gentioux, Réseau d’acteurs de la Montagne Limousine, Télé Millevaches, IPNS, le PNR lui même à sa façon, différentes vagues d’installations nouvelles jusqu’à aujourd’hui, amenant chacune leurs propres textures, leurs propres couleurs que nous ne pouvons détailler ici.
La réforme territoriale et la Loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) viennent de passer sur nos montagnes et nous voici rattachés à la Métropole de Bordeaux, dans un territoire qui va d’ici jusqu’au Pays Basque.
On brasse et re-brasse les compositions intercommunales pour obtenir le juste poids d’habitants au kilomètre carré. La logique comptable est à son comble. Les élus sortent les calculettes et scrutent les recompositions de la carte administrative et fiscale. On y va, on n’y va pas ? Et les ordures alors ? On va payer plus cher ?
Et si nous faisions un autre pari ? Que la morphologie de la Montagne, ses bourgs et ses villages épars, sa structure « urbaine » en constellations dénuées de centre soit une chance et non un handicap, que des petites communes rurales et des espaces de coopération intercommunaux de petite taille, sans hégémonie, soient de vrais espaces propices à la discussion, au débat, à la décision et donc à une action intelligente pour ce territoire et ses habitants. Tout aujourd’hui nous pousse, aux prétextes usurpés de la modernité et de l’ « ouverture », à nous détourner de ce chemin : la nouvelle structuration en « pays », la professionnalisation des communautés de communes que les futures fusions vont encore accentuer, la centralisation accrue des institutions, la reproduction des familles politiques installées que ces réformes renforcent encore… Plutôt que de laisser venir ces changements en spectateurs, saisissons l’occasion de discuter de ce que nous, ici, nous voulons.

Il y a de multiples façons de ne pas se laisser déprendre des questions qui façonnent la vie commune. Mettre ces questions au centre des places, réfléchir ensemble à la vie que nous voulons, à nos moyens d’agir, à comment accueillir de nouveaux habitants, sont les paris qui s’offrent à nous.
Depuis ce point tout est possible.

Clap’sabot, un habitant de la Montagne